Avec des fragments de banderoles publicitaires et d'équipements divers, la marque BILUM (en référence aux filets de portage utilisés en Papouasie-Nouvelle-Guinée) tire le meilleur parti de matériaux techniques, solides, de bonne qualité, au design incontestable... et pourtant voués au rebut. La maison de création française les transforme en sacs, accessoires et objets déco garantis 100 % upcyclés ! En plus de sa démarche environnementale et anti-gaspillage, elle fait appel à des ateliers de confection locaux et à des entreprises d'insertion professionnelle à chaque étape du processus de fabrication, faisant de BILUM une entreprise de l'économie circulaire, sociale et solidaire.
Retour sur la naissance de BILUM
Savez-vous ce que deviennent les immenses bâches publicitaires déroulées sur les bâtiments en travaux ? Ou les toiles géantes aux couleurs de grandes marques qui jalonnent l’espace urbain ? D’ordinaire, après utilisation, elles sont jetées, incinérées ou enfouies. De même que les gilets de sauvetage des compagnies aériennes, qui disposent d’une date de péremption, des airbags ou des ceintures de sécurité usagés, des affiches créées par les musées nationaux pour leurs expositions temporaires, des blousons réformés de la gendarmerie, des drapeaux bleu-blanc-rouge qu’arbore le fronton des monuments français…
La liste est longue de ces objets éphémères, à la durée de vie extrêmement réduite. Hélène de la Moureyre, créatrice de la marque BILUM, en sait quelque chose : elle a travaillé pendant 10 ans dans l’événementiel et la publicité. Elle encadrait les opérations d’affichage dit « spectaculaire », ces fameuses bâches publicitaires de dizaines de mètres carrés. Issue d’une famille à tendance écolo et pétrie de valeurs environnementales, fanatique des brocantes et de rénovation autant que des belles matières et de l’artisanat, elle décide de réduire le grand écart entre sa vie professionnelle et sa passion pour les objets de seconde main. En 2005, elle s’inspire des pays en développement, où ces bâches sont régulièrement détournées pour leur donner une seconde vie, et créé la marque BILUM.
BILUM à la loupe
BILUM a démarré son activité avec l’upcycling des toiles publicitaires géantes en sacs (à main, cabas, de voyage…). Sa créatrice souhaitait montrer qu’il était possible de réaliser de belles pièces, originales et de qualité, à partir de chutes de matières devenues inutiles. Airbags, ceintures de sécurité, rideaux de palaces, toiles de store, voiles de bateau, gilets de sauvetage, housses de sièges de train et d’avion, uniformes… « Les matériaux sont sélectionnés pour leur design, leur graphisme, leur technicité, leur rareté, leur histoire ou ce qu’ils évoquent » détaille la marque, qui travaille désormais de nombreuses matières premières. Au lieu d’être éliminées (ce qui représente un coût environnemental et financier important), elles sont donc découpées dans l’atelier de Choisy-le-Roi puis métamorphosées, en sacs toujours, mais aussi en housses de coussin, pochettes, housses d’ordinateur, ceintures…
Les créations sont vendues au grand public sur le site Internet de la marque ou dans quelques points de vente branchés, de Paris à Tokyo. Mais BILUM travaille aussi pour les entreprises dont elle récupère les matières premières : elle a par exemple confectionné des housses pour tablette, porte-monnaie et trousses, à partir de gilets de sauvetage d’Air France, que la compagnie aérienne revend sur ses vols ou sur son site. D’autres marques distribuent à leurs collaborateurs ou clients les objets upcyclés issus de leurs anciennes toiles publicitaires.
Outre les matières premières « sauvées » par le réemploi, BILUM tente d’induire une prise de conscience parmi les grandes entreprises. Celles dont elle récupère les toiles publicitaires ou les matériaux usagés prennent ainsi davantage en considération leur impact et participent, indirectement, au recyclage de leurs déchets, ce qui peut devenir un atout pour leur démarche en RSE et leur communication environnementale.