La marque de glisse NOTOX veut réconcilier les surfeurs avec leur matériel de prédilection. En effet, la fabrication des surfs, polluante pour l'environnement, est aussi nocive pour les artisans qui les sculptent, en raison des matières premières employées. Mais avec ses planches en fibre végétale bio-sourcée et matériaux recyclés (et recyclables), la start-up basque s'engage dans une démarche écologique et éthique, en développant ses propres technologies et processus de fabrication responsables.
Retour sur la naissance de NOTOX
Surfeurs ascendant ingénieurs, Pierre Pomiers et Benoît Rameix font face depuis toujours à un paradoxe. Ils assistent depuis des années à la dégradation de leur terrain de jeu, l’océan, qui subit de plein fouet les effets de la pollution environnementale. Or, l’empreinte carbone et énergétique des sports de glisse est loin d’être négligeable. En effet, 2,4 millions de planches de surf sont fabriquées chaque année, avec pour conséquence la production de 15 000 tonnes de déchets toxiques et non-recyclés. Leur conception à partir de matériaux dangereux impacte aussi les gardiens de ce savoir-faire artisanal, les shapers, exposés à des substances chimiques nocives tout au long du processus de fabrication.
Face à ce cas de conscience, les deux natifs du Pays Basque décident en 2009 de changer la donne et de s’associer pour créer leur propre atelier de fabrication de planches de surf à Anglet. Leur projet est une gageure : aménager un espace sain pour les artisans tout en développant une production répondant à des normes environnementales strictes… sans oublier les performances techniques, première attente des amoureux de la vague.
NOTOX à la loupe
Exit mousse polyuréthane, résine polyester, styrène, acétone, fibres de verre qui contiennent des solvants et des composants dangereux. Les surfs NOTOX sont créés à partir de matériaux locaux recyclables et/ou issus du recyclage, d’origine naturelle ou bio-sourcés. En polystyrène expansé (PSE), un matériau entièrement recyclable, ainsi qu’en lin et en liège, les planches gagnent même en qualité et en confort de glisse, selon NOTOX.
Leur fabrication produit surtout moins de déchets que dans l’industrie classique et 75 % de ces déchets sont recyclés, ce qui réduit par cinq l’impact environnemental global de ces surfs (provenance et nature des matières premières, processus de fabrication et filière de recyclage).
En outre, l’atelier a été pensé pour préserver la santé et la sécurité des shapers, avec des systèmes d’extraction d’air, d’aspiration des poussières lors du ponçage et de filtration très performants. Ouvert et mutualisé, cet atelier permet aussi aux artisans locaux d’exercer dans des conditions répondant à une charte qualité environnementale ambitieuse. NOTOX se positionne ainsi comme un développeur de technologies novatrices, qui améliorent sur un plan environnemental à la fois le cadre de travail, le procédé de fabrication et le produit conçu.
Mais l’équipe souhaite aller plus loin et vise pour la suite une approche, 100 % vertueuse. Elle aimerait supprimer de ses planches tout matériau issu de ressources fossiles finies en développant des planches en composite « mono-matériau », à base de cellulose. Constituées d’une seule matière et donc plus facilement démantelables, elles seraient recyclables à l’infini. En fin de vie, ces planches pourraient être rapportées à l’atelier pour servir de matière première à la création d’une nouvelle planche. Une autre façon d’appréhender l’objet, en investissant finalement dans un matériau plus que dans un produit fini, pour ne payer ensuite que sa « transformation ». De quoi contribuer à responsabiliser les surfeurs en changeant le regard qu’ils portent sur leur planche.